Les résidus médicamenteux dans l’eau
Antibiotiques, hormones, antidouleurs, antidépresseurs, bêtabloquants ou contraceptifs… sont autant de substances rejetées dans les milieux aquatiques quotidiennement. Ces résidus sont soupçonnés d’être à l’origine de diminutions importantes de la faune aquatique et d’une féminisation de certaines populations.

Si la communauté scientifique travaille depuis plusieurs années sur la question des risques sanitaires, leur dégradabilité, leur persistance ou leur réaction dans le milieu sont encore peu connues. Les médicaments sont en effet des substances biologiquement actives qui se caractérisent par une grande diversité de structure chimique.
Une grande partie de ces concentrations est due aux rejets des stations d’épuration qui, selon les scientifiques, ne constituent pas une barrière significative. Les résidus de médicaments, lorsqu’ils ne sont pas totalement dégradés dans l’organisme, sont excrétés dans les selles et les urines sous leur forme initiale ou sous la forme d’un ou plusieurs métabolites.
Un plan national de maîtrise des résidus médicamenteux dans l’eau a été lancé dans le cadre du Plan National Santé Environnement 2 (PNSE2) 2009-2013, co-piloté par les ministères de l’Ecologie et de la Santé. L’objectif de ce plan est justement d’améliorer la connaissance et de réduire les risques liés à ces rejets de médicaments dans l’environnement, alors qu’il n’existe actuellement pas de limite de qualité pour ces résidus dans les réglementations européenne et française.
Une étude réalisée par l’Anses et l’Afssaps a montré que pour environ 75% des échantillons d’eaux traitées »qu’elles soient d’origine souterraine ou superficielle, aucune de ces 45 molécules » n’a été quantifiée (hors caféine qui est aussi un marqueur de l’activité humaine). Pour les 25% d’échantillons »positifs » restants, les analyses ont en revanche révélé la présence simultanée d’une à quatre molécules. Hormis la caféine, il s’agit principalement de la carbamazépine (anti-épileptique) et de l’oxazépam (anxiolytique). 90% des échantillons ont présenté une concentration maximale cumulée inférieure à 25 nanogrammes par litre (ng/l), soit »1.000 à un million de fois inférieures aux doses thérapeutiques », selon les Agences. Mais pour 5% d’entre eux, elle était supérieure à 100 ng/l.
Les trois principales molécules détectées feront l’objet »d’une évaluation sanitaire et environnementale » par les deux Agences.
Cette étude s’inscrit dans le cadre d’un plan interministériel d’actions sur les résidus de médicaments dans les eaux. La publication du plan d’actions est prévue pour le 1er trimestre 2011.