Mourir pour gagner sa vie : jusqu’à quand ?
La rencontre débat organisée par la Fondation Copernic et animée par Michel Bianco, à Venelles le 11 juin 2009 a réuni une cinquantaine de participants.
Les participants ont pointé tout d’abord la méconnaissance par le grand public de la réalité des accidents du travail et des maladies professionnelles. Il y a donc là une responsabilité particulière pour ceux qui ont la connaissance de ces drames : médias, syndicats, institutions.
La connaissance est la première condition de la prévention.
Annie Thébaud-Mony a axé son intervention sur la responsabilité patronale face à la mortalité au travail, au drame de l’amiante et la non prise en compte du développement des cancers professionnelles.
Elle conseille au « citoyen » salarié, de toujours déclarer les accidents du travail comme tel (sachant qu’il a deux ans pour le faire) et la volonté d’attaquer au pénal.
Eve Cerro et Silvia Sappa les avocates de Pierre Rivas, décédé sur le chantier de la construction de la gare TGV d’Aix, ont montré la difficulté à remonter dans la chaîne de responsabilité dans ce dossier où la SNCF n’a jamais été simplement entendue.
Pour Charles Hoareau, de la fédération CGT des ports et Docks responsable du syndicat de la propreté des BDR, le développement totalement anarchique d’entreprises sous traitantes est responsable d’une perte de savoir faire et de repaires dans l’environnement de travail conduisant à un taux d’accident en pleine expansion.
Pour les syndicalistes de Cadarache et de Lyondell (chimie étang de Berre) la sous-traitance sert à transférer les risques du donneur d’ordre dans les entreprises exécutantes.
Alexandre Ferretti et Jérôme Rochette, membres SUD du CHSCT du Crédit Agricole, affirment que c’est essentiellement les risques psychosociaux nés du décalage entre objectifs disproportionnés et les moyens, qui créent le mal être au travail.
J’ai également assisté aux deux évènements, en n’allant à Venelles le haut que tard en soirée.
J’ai trouvé remarquable l’exposé sur la situation actuelle des décès professionnels, ainsi que les interventions des acteurs de différentes entreprises de la région. Une réflexion sur les modalités de prévention de ce genre de drames est encore à mener au niveau national (500 victimes par an), pour éviter les milliers de décès statistiquement prévus dans les années à venir.
Venelles était ce soir là à la pointe d’un combat sociétal.
Que dire alors de la commémoration d’un tremblement de terre, commençant avec une messe catholique alors que les habitants de Venelles le haut s’étaient convertis en masse au protestantisme suite à la décision du diocèse de ne pas reconstruire l’église sur le vieux village????
La réflexion qui m’est venue en regardant le film projeté devant la voute Chabaud , c’est que la terre tremblera à nouveau à Venelles dans le futur, à une date que nul ne peut prévoir, et que l’avis des experts est qu’il y aura beaucoup plus de victimes que les cent victimes de 1909, plus grand tremblement de terre en France depuis plusieurs siècles.
Outre cette mise en perspective, hasard du calendrier, entre le nombre de décès par accidents du travail et le nombre de victimes dues aux tremblements de terre, je pense que la prévention par une éducation aux bonnes réactions à avoir lors d’un tremblement de terre, sauvera certainement de nombreuses vies. Le Japon pratique à large échelle ce type de formation dans leurs écoles, nous pouvons nous en inspirer à Venelles.
Quant aux décès professionnels, l’éducation seule ne sera pas suffisante, c’est un état d’esprit à changer qui va bien au delà de notre commune, un combat que nous devons mener en tant que citoyen responsable des générations futures.
La rencontre était intéressante mais programmée juste avant la commémoration du centenaire du séisme… 19h00 et 20h30. Difficile de concilier les deux, seuls monsieur le maire et son épouse y sont parvenus.