La vidéo surveillance est-elle efficace ?

1 février 2011 par J. REVY | 7 Commentaires | 2 385 vues

VidéoLa municipalité a décidé de mettre en place un système de vidéo surveillance dans notre commune. En dehors de toute polémique partisane, essayons de faire le point sur l’efficacité de ce système.
La vidéosurveillance est un système de caméras disposées dans un espace public ou privé pour le surveiller. Les images obtenues avec ce système, sont ensuite visionnées et/ou archivées. Selon ses partisans, un tel système permet de prévenir la criminalité (vols, agressions, etc.) et d’opérer un contrôle social (mouvements de foule, etc.). Ses détracteurs lui reprochent son inefficacité, son coût et de nuire à la vie privée.

La video surveillance est elle efficace ?
Le Royaume-Uni est le pays d’Europe le plus surveillé par caméras on site les chiffres de 65 000 à 500 000 caméras à Londres et plus de 4 millions au Royaume-Uni. À leur suite, des politiques de vidéosurveillance sont mises en place dans plusieurs villes européennes durant les années 1990.

Pour certains, la vidéosurveillance fait chuter la criminalité
Après analyse des statistiques de la délinquance sur la période 2000-2008, le ministère de l’Intérieur, conclut, que le taux d’élucidation des crimes et délits commis sur la voie publique peut être multiplié par deux dans les villes vidéoprotégées. (voir le rapport)
Voir l’article du Figaro

Pour d’autres au contraire, cette étude est entachées d’erreurs méthodologiques
- Les échantillons comparés ne sont pas comparables.
- Les indicateurs de la délinquance (on comptabilise des atteintes aux biens en dehors de la zone vidéo surveillée, les indicateurs de densité d’équipement ne sont pas pertinents) ne paraissent pas appropriés.
- D’autres études internationales existent et arrivent à des conclusions différentes.
Voir l’article de Rue 89

Un rapport britannique contredit le rapport français
Le rapport britannique porte sur sa résolution des délits avec l’aide des caméras, pas sur la mesure de leur effet dissuasif, mais il est en tout cas négatif, contrairement au rapport français.
Plusieurs études américaines vont dans même sens et confirment les conclusions du rapport de Scotland Yard : les systèmes de vidéosurveillance ont peu d’influence sur la criminalité.

Pour notre part, nous respectons la décision prise par la municipalité – qui était d’ailleurs inscrite dans son programme électoral – qui correspond aussi à une attente d’une partie de la population. L’état pousse également les collectivités locales à s’équiper – car il réduit les effectifs de fonctionnaires.
Nous souhaitons par contre qu’il soit mis en place une évaluation pluraliste (avec la société civile) de l’efficacité de ce système – sans esprit partisan – et dans l’esprit de la réunion du 9 mai 2009, organisée par le sous préfet d’Aix.

7 Réponses pour “ La vidéo surveillance est-elle efficace ? ”

  1. Denis Guenneau le 10 février 2011 à 9:54

    Ami lecteur, si tu ne lis pas la Provence régulièrement, alors tu ne sauras rien de ce qui s’est passé ce samedi 29 janvier à Venelles sur le débat sur la vidéo surveillance!

    Quant aux commentaires postés sur ce blog, ou celui de 13770.org, ils sont riches mais si peu nombreux.

    L’outil Internet est pourtant un média magnifique pour la parole démocratique. On peut s’y exprimer de façon anonyme, ou ouverte en déclinant son identité.

    Pour rebondir sur la conclusion de Maurice, je m’interroge sur ce vide d’informations sur un sujet qui concerne directement entre 8000 et 9000 venellois (recensement en cours).

    Le venellois ronronne t-il dans sa béatitude, ou bien ne croit il déjà plus à sa nouvelle gouvernance, ou encore choisit il tactiquement de ne pas s’exprimer pour ne déplaire à personne, ou par peur d’avoir ensuite des ennuis avec la police municipale?.

    Pour ma part, je pense le sujet est grave car les dérives sécuritaires dans notre commune me font peur. L’arme électrique Taser dont Venelles a été une des premières commune de France à s’équiper a fait plusieurs centaines de mort aux USA, et déjà un mort en France (http://fr.wikipedia.org/wiki/Pistolet_%C3%A0_impulsion_%C3%A9lectrique).

    Je n’ai pas confiance au fait que la vidéo surveillance sur Venelles soit traitée de façon démocratique et légale. Venelles est une commune qui préfère payer une forte amende (48 000 Euros) plutôt que de construire des habitats pour les personnes à faibles revenus dont nos propres enfants ou parents, en totale illégalité à la loi SRU, et l’assume ouvertement.

    Alors la vidéo surveillance, NON MERCI, et je trouve dommage que les oppositions à ce projet, il y en a plus que l’on ne pense, ne soient pas plus prolixes sur ce thème.

  2. Maurice le 6 février 2011 à 21:01

    Qui ne dit mot …
    Je dis celà pour les articles de Claude Bouillet auxquels j’adhère complètement.
    Pas pour la video-surveillance dont j’ai en effet déjà exprimé ici cette opinion que la nouvelle gouvernance imposait une concertation avec les citoyens.
    Je suis pour ma part absolument contre, de même que pour les milices dont on voulait nous doter (les responsables de quartier?).
    Je suis aussi convaincu que la video-surveillance est inefficace et coûteuse.
    Elle est de plus débilitante pour les employés qu’on payera à regarder des écrans où il ne se passe rien, et qui en effet s’intéresseront aux citoyens par une sorte de voyeurisme qui leur permettra de moins s’ennuyer.
    J’ai lu d’ailleurs qu’en général quand il se passe quelque chose, ils ne le voient pas car leur vigilance est très assoupie.
    A la rigueur dans les lieux à haut risque enregistrer en permanence et affacer ces enregistrements au bout de 24 heures ?
    En tout cas, quel est le coût, celà a-t-il été chiffré, et voté en conseil municipal ?
    Et dommage qu’on en profite pour déloger des associations…
    Quand à l’indifférence des citoyens, ou plutôt l’apathie, c’est un vrai sujet de réflexion, un fait de société à méditer, à mon sens lié à l’infantilisation générée par la société de consommation.

  3. J. REVY le 6 février 2011 à 10:07

    Je regrette comme vous le manque d’intérêt de nos concitoyens sur cette question. Lors de notre prochaine rencontre avec la municipalité en avril, nous demanderons effectivement la mise en place d’une commission mixte (élus société civile) de suivi.

  4. Claude Bouillet le 5 février 2011 à 16:19

    C’est surprenant! Alors qu’un exposé, objectivement réalisé à mon sens, ouvre un débat sur la Vidéosurveillance dont je m’attendais à une avalanche de commentaires, trois seulement sont venus l’enrichir. Deux sont franchement défavorables et un plutôt favorable. C’est peu! Cela ne traduit pas une ferveur sur ce projet des internautes que j’espère nombreux en tant que tels,. N’est-ce pas un démenti aux propos du maire rapportés par la correspondante locale de presse dans son compte rendu du débat sur les libertés individuelles organisé le 29 janvier 2011 par « Les droits de l’Homme » et un syndicat de la magistrature (SL dans La Provence du 30/01/11) ? S.L. soulignait l’absence remarquée des élus locaux à ce débat et rapportait ces propos du maire tenus hors de ce débat: « J’assume complètement le choix – largement partagé par les Venellois- de la mise en œuvre de la vidéoprotection ». Ne tombons-nous pas dans le scénario classique de notre République du moment où des décideurs s’appuyant sur une position qu’ils disent tenir de la démocratie répondent eux-mêmes et péremptoirement à des questions virtuelles qu’ils n’ont pas posées? Dans La Provence de ce jour 5/02/11 trois articles traitent de manifestations vigoureuses de citoyens de communes voisines contre leur conseil municipal pour des décisions qui ne leur conviennent pas. Sans prendre partie: Une concertation réelle n’aurait-elle pas évité ces protestations? Je pensais, naïvement peut-être, que cela entrerait dans la nouvelle gouvernance dont on nous fait tant grand cas.

    Dans le même sujet j’aurai aimé connaître l’avis des associations citoyennes sur mon souhait exprimé dans mon commentaire précédant: La création d’une structure locale de contrôle sur ce projet de vidéo surveillance, afin de garantir le respect des libertés des citoyens (et leur intimité y compris dans les espaces publics). Cette structure bien entendu doit être indépendante des pouvoirs locaux et autres personnes affectées à cette vidéosurveillance. Je répète mes propos tenus dans mon commentaire précédent « Je ne crois pas irréprochables ou parfaitement sain d’esprit tous nos policiers ni tous nos élus » .
    Des vidéos amateurs se répandent sur ce formidable outil d’information qu’est Internet et nous montrent des représentants de l’Ordre dans des situations très critiquables et même condamnables. Les caméras modernes auraient-elles aussi des cotés pervers en dénonçant ces débordements au grand regret de nos dirigeants? (C’est un peu comme cette caricature dans un gag bien connu des débuts du cinéma muet : L’arroseur arrosé). Mais il ne faut heureusement pas tomber dans la paranoïa et généraliser, il y en a aussi de sains!
    Je me garderai bien de toute comparaison hasardeuse avec ces turbulences qui secouent dramatiquement certaines contrées de la planète, mais pour conclure mon commentaire je citerai cette pensée de John Fitzegérald Kennedy: « Etouffer la révolution pacifique, c’est favoriser la révolution violente ». A méditer par nos décideurs à tous les niveaux de notre République, local, régional ou national, et en particulier ceux qui choisis par une -petite- majorité de citoyens n’en sont pas moins les décideurs de tous.

  5. Claude Bouillet le 2 février 2011 à 20:43

    Bien sûr puisque le débat est ouvert par une association citoyenne à défaut de nos élus, je vais m’y introduire en essayant de la faire sans paranoïa ni phobie sécuritaire. Tant pis si un esprit partisan apparaît. Même si j’ai déjà exprimé tout le mal que je pensais de la vidéo…protection. Veuillez m’excuser si mon commentaire est long!
    Le devoir, me semble-t-il, des décideurs est de bien soupeser le poids de leur décision avant de la prendre, sans succomber à des pulsions dogmatiques.
    Soupeser sous entend prendre en compte les aspects positifs et négatifs de toute décision.
    Certes Patrick (nous nous connaissons alors je me permets la familiarité de l’appeler par son prénom) je déplore tout autant que la majorité de mes concitoyens ces actes commis par des hordes de sauvages sur des populations vulnérables. Je déplore ce fléau de grandes agglomérations, dans le métro ou les sous sols parkings. Et si le moyen de juguler ces comportements bestiaux est d’installer des yeux électroniques dans ces lieux propices aux méfaits alors installons y cet équipement. Mais à Venelles …! A ma connaissance nous n’en sommes pas là! Pas de métro, pas de parking favorables à ces comportements.
    En revanche, je ne me considère pas comme un délinquant et il ne me plait pas à moi d’être épié sournoisement comme un délinquant au moyen d’un œil électronique par un individu en qui je ne reconnais pas des qualités supérieures pour jeter un regard inquisiteur sur ma personne, cela lorsque je traverse des espaces publics à Venelles. Il ne me plait pas de savoir que ces regards inquisiteurs me jugent par mes relations que je croise sur la place publique de Venelles ou jugent ma pensée politique par le journal que j’ai en main lorsque je traverse cette place (dis moi le journal que tu lis et je te dirais ce que tu penses). Il ne me plait pas de savoir que des individus au regard inquisiteur établiront une fiche de renseignements sur ma personne. Je ne suis pas de ceux qui pensent que les policiers ou les élus (de droite comme de gauche) sont tous irréprochables et parfaitement sains d’esprits, mais que comme tout individu il ont aussi leur dose de perversité (sans aucune paranoïa dans ma pensée).
    Certes on me rétorquera que la loi est là pour protéger de toute exaction. Peut-être, mais de nombreux exemples cas sont cités où la Cnil (commission nationale informatique et libertés) prononce des réserves sur certains comportements de surveillance, dans l’indifférence des pouvoirs publics. Et puis n’avons nous pas eu récemment des exemples où certaines instances censées protéger la population des déviances médicales ou alimentaires, ont pêché par complaisance? Alors quelle confiance peut on accorder à de telles instances ? Tout le monde a encore en mémoire ce nuage de Tchernobyl qui selon les autorités compétentes (se voulant rassurantes) ne franchirait pas nos frontières.
    Dernièrement les médias audio visuels diffusaient des reportages sur les bienfaits de la vidéo surveillance, peut-être suggérés par le pouvoir, leur tutelle (Les élections de 2012 approchent!). Il en était ainsi à Strasbourg et dans d’autres grandes agglomérations. Tous ces reportages choisis « positifs » avaient un point commun: La vidéo surveillance avait révélé l’identité de malfrats dans des actes de délinquance. Avait-elle fait réduire la délinquance? Un recul insuffisant ne permettait pas d’en juger. Alors s’il s’agit de révéler l’identité du délinquant quand un acte délictueux a été commis, a-t-on besoin de coller un surveillant à un écran pour espionner les citoyens? Un enregistrement à court terme que l’on pourrait détruire si aucune exaction n’a été commise ne suffirait-il pas ? De nos jours la technologie le permet. Cela cela éviterait une surveillance inutile de citoyens non délinquants et économiserait le coût d’un personnel permanent dont tout le mondes sait que c’est la partie la plus importante de tout budget de fonctionnement.

    Si ce projet doit malgré tout être réalisé à Venelles, j’appelle toutes associations citoyennes à la vigilance quant à la protection de la vie privée des citoyens Venellois. La nouvelle gouvernance n’est-ce pas aussi cela ? Je souhaite fortement que ces associations demandent à participer aux décisions d’implantation des caméras de surveillance et au contrôle de l’usage qui en sera fait. Que les personnes choisies pour participer à ces contrôles soient choisies démocratiquement par les citoyens adhérents de ces associations sans des « à exclure » qui pourraient figurer sur une liste d’indésirables fournie par les décideurs municipaux. Cela me paraît un droit fondamental dés lors que des vues de citoyens sont prisent à leur insu

  6. Denis Guenneau le 1 février 2011 à 18:57

    Cet article pose une problématique actuelle pour nous les venellois, alors débattons sur ce sujet sensible, et tout d’abord en dialogue avec P. Michaille.

    Je ne pense pas que Venelles soit un village où les enlèvements d’enfants ni les vols aux distributeurs soient fréquents, mais au contraire, un village où il fait bon vivre, et où les générations se côtoient sans angoisses.

    Un centre de vidéo surveillance coûte cher en investissements puis en fonctionnement. Le documentaire qui passe actuellement sur la chaîne LCP est édifiant à ce sujet (Camera City mardi 1/2 à 19H00 ou vendredi 4/2 à 24H00).
    Pour ceux qui n’ont pas la TNT je peux leur en passer une copie sur DVD.

    L’histoire de la jeune fille qui s’est fait violer dans un RER sans intervention des passagers s’est en fait avéré après enquête de police être une affabulation de la supposée victime, affabulation à laquelle toute la presse et tous les leaders politiques de gauche comme de droite sont tombés, sans prendre le recul nécessaire. Il leurs a juste manqué un mea culpa, à la hauteur de leurs indignations, qui aurait dégonflé cette histoire qui est encore bien tenace dans l’opinion publique.

    Quel est le débat?
    En tant que venellois, suis je d’accord ou non pour donner plusieurs dizaines d’Euros chaque année pour que des policiers surveillent quelques voies publiques?
    Pour ma part, je réponds NON , mais je respecte les avis opposés.

    Au delà du débat venellois, il se prépare de mon point de vue, une manipulation de la société pour les élections présidentielles de 2012.
    Les préfets ont en 2011 reçut du président de la République la mission de tripler le nombre de caméras de vidéo surveillance installées en France.
    Le thème de la sécurité sera omniprésent dans les médias préférés des français afin d’alimenter le fantasme de la peur.

    Pour ma part, je suis en confiance à Venelles, mais aussi à Aix, à Marseille, ou encore en banlieue parisienne où j’ai vécu plus de 30 ans. Je prends le métro ou le bus, le soir sans aucune crainte.
    Suis je incrédule, ou bien suis je réaliste?
    Combien d’agressions à Venelles, et quel est le taux d’agression par rapport au nombre d’habitants sur les 50 dernières année?
    Des villes comme Toulouse ou Amiens remettent en cause leurs parc de caméras. D’autres comme Nice ou Meaux au contraire suivent les directives du président Sarkosy et augmentent significativement leurs parc de caméras.

    C’est effectivement un choix de société qui s’ouvre à travers cette campagne de promotion de la « vidéo protection ».

  7. P. Michaille le 1 février 2011 à 14:57

    Bon article pondéré qui fait la part entre la paranoïa sécuritaire et la phobie du « flicage ». Nul doute que les parents, pour la sortie de l’école, ou les clients, aux distributeurs de billets, se sentiront rassurés s’ils se savent surveillés, même à distance. Est-ce que cela empêchera les délits graves, qui se produiront nécessairement en dehors du champ des caméras ? Si le matériel ne coûte pas cher à l’achat, quel est son coût de maintenance, et le coût du traitement des enregistrements ? De nos jours, des jeunes filles se font violer dans le RER parce que les voyageurs n’osent pas intervenir, non seulement par peur d’un coup de couteau, mais aussi de crainte d’être fichés … Au delà des questions de matériel, voilà me semble-t-il le véritable débat de notre société.