Conférence sur la fusion nucléaire

3 février 2011 par J. REVY | 2 Commentaires | 739 vues

L’A.V.E – Association Venelles Environnement organise une Conférence jeudi 10 février 2011 à 20H30 à la Salle de La Grande Terre à Venelles

« L’énergie, la fusion et le projet ITER »

par Monsieur Jean Jacquinot *
Conseiller scientifique auprès du Haut Commissaire à l’énergie atomique
Ancien directeur du JET et des recherches en fusion du CE

2 Réponses pour “ Conférence sur la fusion nucléaire ”

  1. Claude Bouillet le 11 février 2011 à 22:49

    Ayant assisté à cette conférence je l’ai moi aussi trouvée très intéressante, et j’ai été bien étonné de l’affluence dans cette salle un peu juste pour la recevoir (preuve que parfois des salles plus grandes seraient utiles dans ce genre de débat). Merci aux organisateurs.
    Ce qui m’a interpelé c’est l’esprit me semble-t-il un peu partisan du conférencier. Lequel a bien indiqué d’entrée qu’aucune énergie n’était sans revers. Cependant si il a bien mis l’accent sur l’aspect nocif par leur émission de gaz à effet de serre des centrales fonctionnant à l’énergie fossile (fuel ou charbon) il a bien mis l’accent aussi sur l’avantage qu’offrait sur ce point là l’énergie nucléaire par les puissances offertes et la non production de gaz à effet de serre. Cependant n’a-t-il pas aussi un peu occulté la vérité sur tous les effets nocifs à terme des centrales nucléaires? Les initiés connaissent cette nocivité des déchets inévitables que nous laisseront toutes les centrales nucléaires en service, et en particulier quand dans quelques années ces centrales arrivées en fin de vie seront en phase de démentellement. D’énormes problèmes ne manqueront pas de se poser alors et si aujourd’hui cette énergie est présentée comme la moins couteuse pour la production d’électricité cette vision pourrait en être bien autre en y ajoutant dans ce coût celui du démentellement et du stockage des déchets.

    Je ne peux manquer de faire un rapprochement avec la décennie 1950 à 1960 ( passage pour moi de l’adolescent à l’adulte). C’était l’euphorie du tout automobile et de sa propagation populaire (la voiture pour tous). Nos décideurs d’alors n’y voyaient là que la manne économique générée par les industries de l’automobile et ont grandement facilité cette extension par le développement du réseau routier et autres équipements. Peut-être que des scientifiques avisés ont alors attiré leur attention sur les conséquences inévitables à long terme qu’aurait cette expansion industrielle sur l’environnement et dont notre société s’émeut à peine aujourd’hui, mais si il en est ainsi ils ont dû être vite étouffés comme des oiseaux de mauvais augure par des décideurs enthousiasmés du développement économique de cette manne industrielle.
    Ne sommes nous pas un peu trop enthousiastes d’une énergie abondante et puissante en nous voilant la face sur ses conséquences dans le futur ? Nos descendants ne nous le reprocheront-ils pas ? Je ne me crois pas un écologiste « intégriste » mais seulement un individu soucieux de la transparence et tant pis si sans être un scientifique avisé j’apparais en oiseau de mauvaise augure. Cette recherche qu’il faut encourager malgré son coût ne doit-elle pas s’accompagner avec leurs coûts elles aussi des études sur ses conséquences?

  2. Denis Guenneau le 11 février 2011 à 11:16

    Une salle archi pleine ce jeudi 10 février pour cette conférence, comme quoi le sujet est sensible pour la population venelloise.

    J’ai apprécié l’atmosphère bon enfant des échanges, et le professionnalisme de l’orateur, Monsieur Jacquinot, qui connait bien son sujet puisqu’il fut acteur dès les premières heures, sur la recherche dans le domaine de la fusion nucléaire, dont ITER n’est qu’une étape vers une production d’énergie avec un réacteur nucléaire produisant beaucoup moins de déchets radioactifs que les réacteurs actuels à fission nucléaire.

    Ce que j’en retiens pour ma part:

    La pénurie de pétrole et de gaz dans les prochaines décennies est inéluctable, alors que la demande en énergie de la population mondiale est en forte hausse.

    Il est légitime que tout être humain sur la planète puisse disposer de l’énergie électrique.
    Toutes les sources de production d’énergie sont donc bonnes à exploiter, et dans des contextes géographiques différents, elles ne sont pas en concurrence mais sont complémentaires.

    Les réacteurs à fusion nucléaires ne seront opérationnels que dans quelques décennies, et à condition que les recherches en cours aient démontrées leurs capacités à fournir les puissances énergétiques justifiant leurs industrialisation. C’est un pari technologique de 15 Milliards d’Euros, dont 14% pour la France, et 10% pour les finances « territoriales ».

    C’est à dire que nous, les venellois, nous en finançons une bonne partie, à travers nos impôts via les contributions européennes, françaises, régionales PACA, départementales CG13, et Communauté du Pays d’Aix.Il est donc normal que nous ayons notre mot à dire, et cette conférence fut l’occasion pour plusieurs d’entre nous d’exprimer nos doutes sur le bien fondé de ces dépenses.

    Pour ma part, je les admettrais volontiers car ce sont des investissements de recherche, et que les élus écologistes de PACA avaient obtenu en 2006 que pour tout Euro investi dans ITER, un Euro soit également investit dans les énergies renouvelables. Qu’en est il d’ailleurs de cette promesse 5 ans après?

    Monsieur Jacquinot nous a alerté, avec raison, sur le danger que poserait pour la planète l’explosion du nombre de centrales à charbon, grandes émettrices de polluants dans l’atmosphère, et responsables d’un réchauffement climatique tant dénoncé.

    Son plaidoyer pour l’énergie nucléaire, seul bouclier contre l’énergie fossile, manquait toutefois pour moi de réflexion sur les énergies renouvelables.

    Je m’explique avec des chiffres :

    La France consomme actuellement en pointe 80 Giga Watt (GW)d’électricité
    Une centrale nucléaire produit entre 0,5 GW et 1,5 GW d’électricité
    Une centrale à charbon ou au gaz produit entre 0,2GW et 0,7GW
    Une éolienne produit actuellement entre 0,001 et 0,005 GW, ce qui est négligeable, sauf que certains pays (USA, Chine, Danemark, Espagne, …) ont opté pour des parcs d’éoliennes et produisent sur des territoires ciblés des quantités d’électricité du même ordre qu’une centrale nucléaire ou à charbon, avec pour certains puristes une pollution visuelle.

    Il en est de même pour la production d’électricité à partir de fermes de panneaux photo voltaïques, de biomasses, de bois, de géothermie, ou de centrales hydrauliques.
    Il n’est pas nécessaire d’avoir une centrale hyper productive, si de nombreuses sources d’énergie sont mises en oeuvre simultanément.

    Un critère de choix qui a été abordé en fin de conférence, est en fait le niveau de désagrément que nous acceptons pour avoir de l’électricité:

    Des déchets radio actifs extrêmement dangereux avec les centrales nucléaires à fission ?
    Des pollutions atmosphériques qui réchauffent la planète avec les centrales au charbon, au fioul, ou au gaz?
    Des pollutions visuelles pour les parcs d’éoliennes ou de panneaux photo voltaïques?
    Des vallées inondées par des super barrages hydrauliques?
    Des poissons qui sont perturbés par les micro centrales hydrauliques?
    Des toits de maison ne respectant pas les couleurs voulues par les PLU du fait de panneaux photo voltaïques?

    Ces deux derniers exemples caricaturaux ont pour but de faire prendre conscience que les enjeux ne sont pas les mêmes pour les effets induits par nos choix de production d’énergie.

    Pour paraphraser le film de Jean Paul Jaud, « Nos enfants nous accuserons » si nous leur laissons une planète dans un état lamentable.

    Questionné sur la gestion des déchets nucléaires, Monsieur Jacquinot n’a pu que nous renvoyer vers l’enfouissement de ceux ci en attendant que la recherche ait trouvé comment les rendre inoffensif.

    Alors, pour 15 Millards d’Euros pour la recherche d’une nouvelle filière de réacteur nucléaire opérationnel dans quelques dizaines d’années, combien d’Euros pour la recherche de la décontamination des déchets, et combien d’Euros pour la production d’électricité à partir d’énergie renouvelable peu polluante?

    De super réacteurs nucléaires comme ceux qui succéderont à ITER si le prototype démontre la faisabilité industrielle de cette filière, sont ils obligatoires pour donner l’accès à l’électricité à toute la planète?

    Pour ma part,je pense que non, et qu’une alternative à base d’énergies renouvelables est celle qu’il faudrait encourager en priorité.