Y a-t-il trop de fonctionnaires en France ?
C’est la question que pose les économistes du centre d’analyse stratégique, le think tank directement rattaché au Premier ministre. Ils ont comparé le poids de l’emploi public en France à ceux de plusieurs pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE).
La France est en position intermédiaire haute pour son taux d’administration (nombre de fonctionnaires pour 1000 habitants). En effet, nous avons 90 fonctionnaires pour 1 000 habitants en 2008 ce qui était comparable au Royaume Uni mais très supérieur à l’Allemagne et la Grèce (50 emplois publics chacun pour 1 000 habitants), alors que le Portugal, l’Espagne, les Pays Bas et l’Italie, ont de l’ordre de 60 fonctionnaires pour 1 000 habitants. Ce ratio est relativement stable depuis 15 ans pour l’ensemble des pays analysés à l’exception du Royaume-Uni, où « le taux a très fortement diminué », indiquent les experts.
Alors que l’emploi public représente de l’ordre de 15% en moyenne de l’emploi total dans les pays de l’OCDE, il est de 22% en France, juste derrière, la Finlande (24%), le Danemark (29%), la Suède (29%) et la Norvège (30%).
En France, comme dans la plupart des pays de l’OCDE, les dépenses de la rémunération publique représentent plus de 10% du PIB.
Néanmoins, la part des rémunérations publiques dans le PIB est en sensible diminution en France. Cette évolution coïncide avec celle observée chez la plupart de nos partenaires européens et dans les pays de l’OCDE.
Comme partout dans l’OCDE, en France, l’éducation, la santé et la protection sociale sont les fonctions qui mettent en œuvre les moyens humains les plus importants. Mais, « la France est en position moyenne basse pour son taux d’administration dans l’éducation avec 30 emplois publics pour 1 000 habitants », loin derrière le Danemark, le Royaume-Uni ou la Suède qui « mobilisent des moyens plus importants ».
A contrario, « la France est en position moyenne haute pour l’emploi total (public et privé) dans la santé et l’action sociale avec 50 agents pour 1 000 habitants ». Autant qu’en Allemagne, en Irlande. Ici la convergence marche mieux.
Lire les conclusions du rapport
C’est encore moi, le contestataire permanent! Une pleine page de la Provence de ce jour me scandalise. Les pouvoirs publics seraient sur le point de privatiser le quart des 17 millions d’hectares de nos forêts appartenant à l’État et aux communes. Cela afin de réduire encore le nombre d’employés d’État(ONF)et de rentabiliser la gestion des espaces boisés. « La Provence » pose la question : Faudra t-il payer pour se promener dans les forêts? Car toujours selon ce journal cette privatisation aboutirait à un péage pour accéder dans ces lieux aujourd’hui publics. Jusqu’où ira-t-on ? Après les autoroutes que l’on privatise, après les espaces piéton que l’on laisse à la disposition d’exploitations privées dans les cités, restera-t-il des lieux où le quidam pourra déambuler?
Je partage totalement votre avis J. REVY sur un certain point. La réorganisation des services de l’État est nécessaire pour les adapter à l’évolution de la société. Au cours des décennies que l’on a connues depuis la fin du dernier conflit mondial la productivité du travail a considérablement augmenté et cet aspect là est aussi à prendre en compte dans la modernisation de la société. C’est d’ailleurs ce constat qui me fait défendre la réduction du temps de travail et me fait dire que l’Économie doit servir l’Homme et non l’asservir. Je crois que vous avez bien compris le sens de mon commentaire, je voulais y faire apparaître que l’idéologie libérale entrainait à mon sens certains excès. C’est en effet le titre du billet qui m’a incité à réagir
Vous avez raison, dans certains cas, la réduction du nombre de fonctionnaires, conduit à des situations qui ne sont pas acceptables. C’est vrai également comme vous le soulignez, que l’idéologie libérale est aujourd’hui dominante, mais le service public doit également évoluer, le coût du service doit davantage être pris en compte. Des gains de productivité sont aujourd’hui possible : dans le domaine de la santé par exemple, de nombreux actes se font désormais en médecine ambulatoire alors qu’ils nécessitaient auparavant une hospitalisation de plusieurs jours, les nouveaux outils de communication (déclaration d’impôts en ligne) permettent également des gains de productivité. Il faut aussi être conscient qu’une situation de monopole, risque d’entraîner des dérives, préjudiciables à terme pour les usagers.
Le titre du billet était sans doute un peu provocateur (Y a-t-il trop de fonctionnaires ?), à mon avis, les véritables enjeux se situent plutôt : comment faire évoluer les services publics (et la fonction publique), pour tenir compte des évolutions de la société en assurant un niveau de service acceptable pour les usagers, et en maîtrisant les coûts. Un vaste chantier difficile, mais sans doute nécessaire à entreprendre dans notre société.
Je reviens sur ce sujet « Y a-t-il trop de fonctionnaires en France » ? Se posent comme question les économistes du centre d’analyse stratégique: le think tank (pourquoi ce nom barbare?)sous la tutelle du premier ministre . Les économistes seraient-ils prioritaires dans leur jugement? D’autres non économistes ne pourraient-ils pas aussi se poser la question « Les fonctionnaires sont-ils utiles à la Société »? L’enseignement de nos jeunes générations ne doit-il pas être une priorité nationale hors des considérations économiques?
Quelques faits récents alimentent la presse nationale et locale:
-Un adolescent meure des suite d’une intoxication dans un restaurant d’Avignon. Ce restaurant avait fait l’objet de remarques sévères dans sa sécurité alimentaire des services vétérinaires qui n’y ont pas donné suite par manque d’effectif.
-Dans la presse locale une affaire alimente sa rubrique judiciaire où sont mis en évidence des marchés publics truqués. La Provence de ce jour annonce un préjudice aux contribuables de l’agglomération Marseillaise à plus de 5 millions d’euros. Jadis un fonctionnaire de la concurrence et de la répression des fraudes assistait à l’ouverture des plis dans les collectivités pour veiller à sa régularité. Ce fonctionnaire a disparu par manque d’effectif. L’économie réalisée en valait-elle la peine?
-Tous les jours des accidents du travail tuent ou blessent grièvement des salariés sur les chantiers, trop souvent consécutifs à un manque de contrôle par l’Inspection du travail, là aussi un manque d’effectif en est la cause, et cela à l’Heure où tous les moyens de contrôle et répression sont mis en œuvre contre la délinquance routière et dans les cités (radars, vidéos et patrouilles policières).
-Les inspecteurs du fisc de moins en moins nombreux n’ont plus le moyens de chasser les fraudeurs (souvent du gros gibier)
-La justice et l’administration pénitentiaire ont été mises en causes dernièrement pour faute commise sur un délinquant au point de déclencher de leur part une réaction dont il ne sont pas coutumiers, pour altération de leurs moyens.
Cette liste déjà longue n’est pas exhaustive, d’autres exemples pourraient être donnés. Alors le non économiste que je suis pause la question: Les fonctionnaires sont-ils utiles à notre société?
Patrick: Je pense que dans la question posée la notions des statuts n’intervient pas. Par « y a-t-il trop de fonctionnaires ? » l’idée de ceux qui la posent aux « manettes » de l’État c’est: y a-t-il trop d’employés d’État? Je crois connaître leur réponse: C’est oui, puisqu’ils sont partisans d’une société libérale. C’est ce qui me fait penser que le débat lancé sur cette question n’est pas venu spontanément au public.
Quant à l’exemple du transport par cars, ont sait très bien que si une ligne n’est pas suffisamment rentable aucune entreprise privée ne répondra à un appel d’offre des donneurs d’ordre. Qui assurera le service de cette ligne ?
Quant aux plaintes des usagers de la SNCF: Comme par hasard elles se révèlent depuis peu, après que cette ex entreprise d’État ( jadis donnée en exemple de ponctualité) s’est vue dans l’obligation par les dispositions Européennes de fonctionner selon les obligations des entreprises privées et donc de -privilégier- les secteurs rentables de son activité. C’est entre autres raisons pour répondre à ces obligations Européennes qu’a été créée une société séparée, en charge du Réseau Ferré de France sur lequel La SNCF peut comme d’autres sociétés de transport par le rail obtenir des créneaux d’usage en s’acquittant de lourdes redevances. Les mêmes dispositions ont été prises pour l’EDF et le réseau REDF afin de permettre la distribution électrique par d’autres sociétés
Mon commentaire est indépendant de ma propre pensée entre la Société libérale et la Société solidaire ou « sociable ». Même si ceux qui me connaissent n’ont aucun doute à ce sujet. Pour compléter le commentaire de Denis Guenneau, je pense que ce débat ne serait pas aussi sensible si il n’existait pas un tel écart de statut entre employés de l’État et employés du privé, faisant passer les uns pour des privilégiés (ou nantis) et les autres pour de pauvres diables. Je crains là que nous soyons loin du droit constitutionnel du travail dont il fait état.
Ce que j’en pense?
1981 1 million de chômeur en France
2011 4 millions de Chômeurs, et autant d’emplois précaires ou à temps partiels imposés.
Trois décennies qui ont ravagés le monde du travail au nom de la compétitivité et de la dérégulation dans le secteur public.
Est ce un hasard que ce thème réapparait la semaine de protestation du monde de la justice contre la culpabilisation des fonctionnaires qui ne savent pas faire leur mission avec des moyens qui diminuent régulièrement?
Le travail est un droit constitutionnel, mais en pratique, c’est une variable d’ajustement pour nos « bons gestionnaires ».
Ceux qui ont connu le chômage, lorsque l’ANPE d’alors, propose à un bac+5 une place d’employé de surface (cas véridique), savent combien il est dégradant pour l’estime de soi.
Alors, qu’est ce que trop de fonctionnaires, dans un pays avec tant de chômeurs?
Pour ma part, je préfère payer « trop de fonctionnaires » que de laisser 4 millions de personnes dans leurs foyers à modifier en permanence un CV jamais parfait selon les dires des experts privés en insertion qui se gavent sur le marché juteux du reclassement.
Quant au fantasme des 4 millions de personnes qui ne voudraient pas travailler, ou qui travailleraient au noir, c’est faire peu de cas de la condition humaine, qui a besoin de reconnaissance des autres pour bien vivre.
Voilà, je me suis indigné ce matin, et je n’ai pas regardé TF1 hier soir.
La question d’un éventuel sur dimensionnement de l’administration est régulièrement posée en France. Pour réduire le déficit croissant des finances publiques, c’est un des leviers possible de l’action publique (réduction des dépenses de fonctionnement). L’autre levier étant bien sûr l’augmentation des recettes donc des prélèvements. Quelle est la meilleure solution ? Qu’en pensez-vous ?
Est-il toujours utile de comparer notre système avec d’autres pays « équivalents » au notre? Chacun de ces pays ne choisit-il pas le type de société qu’il souhaite? Il est curieux d’ailleurs que la comparaison n’intervient principalement que dans certains secteurs d’activité. Il est une comparaison qui est peut souvent faite, c’est sur notre dispositif social (en particulier dans le secteur médical) qui paraît-il est envié par plusieurs pays de l’OCDE. C’est aussi le plus coûteux!
Y a-t-il trop de fonctionnaires en France ? La question à poser ne serait-elle pas: Quel type de société souhaitons nous avoir dans notre pays ? Il est certain que dans un système libéral la notion de service sous entend le service rendu par des organismes privés lesquels privilégient la notion de rentabilité. Le secteur dit « public » serait censé privilégier la notion de solidarité. C’est donc bien un choix de société à faire: Préférons-nous les centres hospitaliers ou les cliniques privées ? Préférons nous un enseignement généralisé pour tous ou un enseignement privé à plusieurs niveaux ?
Autres curiosités: La Provence de ce jour consacre une pleine page sur ce sujet (selon elle ce serait au Danemark que le nombre de fonctionnaires par 1000 habitants serait le plus important, ce pays étant celui où le service aux personnes serait le plus développé). Y aurait-il une « puissance » instigatrice de ce type de débat, en une période où la tendance générale inclinerait vers une forte baisse des fonctionnaires et où bien des institutions protestent de ne plus avoir les effectifs suffisants pour assurer le service qu’ils rendaient avant les fortes restrictions de personnel? Je relève que sur ce site la question posée (signe d’objectivité) fait référence au Centre d’Analyse Stratégique rattaché au premier ministre. Ceci explique peut-être cela.
Autre constat évoqué par La Provence : En même temps que le nombre des fonctionnaires employés de l’État baisse, les fonctionnaires territoriaux (communes, départements régions) augmentent en nombre . Peut-être faut-il y voir là ce que ce journal n’évoque pas: la résultante d’un transfert de charges qui permet une baisse de la fiscalité nationale en contre partie d’une hausse de la fiscalité locale.
Ne pas confondre la notion de « fonctionnaire » (qui correspond à un statut de l’employé) et celle de « secteur public » (qui correspond à un modèle économique : situation de monopole, l’objectif n’est pas le profit mais la satisfaction de l’usager). Pour connaître un peu l’Allemagne, la philosophie est que le statut de fonctionnaire n’est accordé que pour les personnels qui doivent être protégés par l’état de par leur fonction : magistrats, policiers, agents des impôts, militaires, etc (ce qu’on appelle les fonctions régaliennes de l’état). Pour ce qui est des enseignants, qui constituent le gros des bataillons, cette notion ne vaut pas (il y a d’ailleurs un secteur privé en France). Dans le domaine social, beaucoup d’organismes allemands (à buts non lucratifs) relèvent d’ONG protestantes. D’où les écarts qu’on peut constater sur les chiffres. L’évolution des mentalités en France sur les retraites (en se référant au modèle suédois) devrait faire disparaître ces différences de nature historique : un service public peut être rendu par une société privée (c’est typiquement le cas des transports en cars). Le service sera d’autant mieux rendu que les donneurs d’ordre ont un cahier des charges précis, et mettent en place une évaluation du service rendu (en tenant compte des plaintes des « usagers »). Ce n’est pas toujours le cas dans les entreprises publiques (voir les plaintes qui s’accumulent vis-à-vis de la SNCF !).